mardi 16 février 2010

Parlons peu, parlons bien : l'homo sentimentalis existe bien - démonstration

(Merci à La Boîte à Bulles pour l'image)


Max est seul. Max laisse son esprit vagabonder dans la grande ville de Marseille. Il vit, ressent avec son cœur, rationalise - ou pas. Et puis il aime. Même si cette histoire ne finit pas bien. Elle fait partie de lui, et il continue à vivre, à arpenter son quotidien, à chanter, dessiner... pour surmonter tout ça.

Question scénario, pas vraiment d'action, pas d'intrigue haletante... Non, juste un quotidien plein de petits bonheurs, d'espérances, de doutes, d'émotions. Il se lit vite, ce quotidien, un peu façon « blog », mais il est si beau à regarder ! Plein d'humour, de bon sens, de ressenti qui sonne bigrement « vrai », le tout splendidement mis en image.

Le trait est simple, efficace, stylisé mais sans outrance. Des lignes tout en rondeurs tendres, chaleureuses ou espiègles, ou au contraire en grossiers coups de pinceau qui incarnent le doute et la détresse. Pas de surabondance de détails non plus : on va à l'essentiel. L'auteur se sert des couleurs avec parcimonie, mais avec un rare impact. Par le héros, l'auteur nous entraîne dans une errance poétique, très (trop) personnelle pour qu'on puisse se l'accaparer (et tant mieux, on a tous assez de "litost" en soi), mais qui met en jeu des sentiments que l'on ne peut s'empêcher de ressentir. La narration de ces sentiments et petits faits surpris au jour le jour n'est cependant pas pesante. Au contraire, on semble parfois glisser au travers de ces évènements mis en image de façon poétique et subjective, symbolique, tendre ou percutante. Le texte, narratif ou dialogues, semble parfois s'échapper dans les cases pour leur donner une autre dimension. Au final, une histoire «qui ne fait que passer », mais qu'on accompagne de l'intérieur.

On se fait facilement happer au fil des pages dans une balade en compagnie de soi-même, lorsque Max nous prend par la main pour nous raconter sa vision de la vie. Une belle vision, ma foi, et dont on ne perd pas le fil, tout en prenant un grand plaisir simple à la savourer. Tout simplement réconfortant de justesse, de sensibilité et d'expressivité.


DOMAS, Litost, La boîte à bulles, collection Contre cœur, 2008

2 commentaires:

  1. Merci Nilo pour cette critique tant réclamée ! ET enfin un article que je peux commenter (malgré ton rôle de "passeur de livres"...).

    Suite à ma rencontre avec l'auteur pour "3 minutes", celui-ci m'a conseillé de lire "Litost", début de ses aventures sentimentales. Trois jours après, c'était chose fait et j'ai eu la chance de reparler avec l'auteur tout de suite après cette lecture.

    Un aspect dont tu ne parles pas dans ton article: l'infantilisation de l'Amour, représenté par le "Smurgle" de Max (à vous de trouver le fameux "Smurgle" présent aussi dans "3 minutes"). Cet aspect rend la narration magique (du moins, d'un point de vue Féminin ;) ) et fait oublier l'aspect concret de l'histoire (je n'avais même pas remarqué que histroire se déroulait à Marseille !!).

    Domas réussi à nous faire vivre une histoire d'amour sans tomber dans le "gnan gnan" et par certains dessins, il arrive à nous faire passer des émotions fortes. Et oui les filles, les mecs ne sont pas tous des salauds !!! ( citation de Domas lui même)...

    Un livre pour tous, au grand étonnement de Domas, qui ne s'attendait pas à avoir un public masculin pour cet ouvrage ...

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  2. Rien à redire... La question du public se pose toujours, en effet. (je sais pas trop comment prendre la dernière phrase ;).
    Certains auteurs (voire maisons d'éditions...)ont tendance à cibler un lectorat et à faire en conséquence des histoires formatées-commerciales. Ici, ce sont uniquement les vilains préjugés qui parlent : l'ouvrage est trop personnel pour être une telle commande, et ce n'est pas parce que les seules couleurs sont dans les tons de rose qu'il faut en tirer des conclusions hâtives... Après tout, il aurait pu colorier l'amour en vert épinard, ça aurait sûrement attiré les fans de Hulk ou de Popeye. Quoique je suis pas tout à fait certain de la pertinence d'un tel choix...
    En tout cas merci, TF, pour ce retour de livre !

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